Si la série FAR ne vous dit rien, c’est que vous êtes probablement passé à côté de quelque-chose. Sorti en 2019, Far Lone Sail avait fait parler de lui pour sa direction artistique à tomber par terre, avec ce rendu tout en aquarelle, et une histoire contée sans le moindre mot, juste via la musique et les images. En 2022, le studio suisse Okomotive remet le couvert avec Far : Changing Tides, une nouvelle aventure en scrolling horizontal qui va délaisser la machine roulante du premier opus et nous emmener affronter les flots. Une suite tout en poésie ? C’est ce que nous allons voir.
Toujours en scrolling horizontal vers la droite, Far : Changing Tides ne réinvente pas la recette crée en 2019 par le studio Okomotive. On passe une intro minimaliste qui nous explique les contrôles, et on débute aussi sec notre aventure. Notre personnage n’a rien d’un super-héros, et ses mouvements sont limités aux quatre directions, plus un saut. Plus on maintient le bouton, plus il peut sauter haut, mais sa petite taille ne lui permet pas de prouesses hallucinantes. Face à sa maison ravagée par les flots, notre héros n’a d’autre choix que de partir à l’aventure à la barre d’une nouvelle machine aux proportions généreuses. Sans avoir le look d’un bateau, notre navire (qui ressemble à un gros tonneau) va nous demander pas mal d’investissement afin de pouvoir se mouvoir.
Comme dans le premier épisode, moult boutons bleus sont disposées un peu partout dans les structures, et il faudra apprendre à s’en servir afin de pouvoir progresser dans l’aventure. Un bouton va ainsi nous permettre de lever le mât, tandis qu’il faudra aller chercher une drisse à son sommet, puis l’attacher sur le pont afin de hisser les voiles. À ce moment de nouvelles manettes feront leur apparition afin de pouvoir régler nos voiles, et ainsi gérer notre vitesse en fonction du vent et de son orientation (un peu comme dans Sea of Thieves). Comme avec le véhicule de Far Lone Sail, on va aussi améliorer notre navire au fur et à mesure de l’aventure.
Chauffe Marcel !
On va par exemple pouvoir lui ajouter un moteur pour avancer lorsque les Alizés sont trop calmes, à condition d’avoir amassé de quoi alimenter la chaudière en combustible. Il faudra donc accrocher des caisses et cartons ramassés à l’extérieur sur les crochets d’un système d’alimentation de la chaudière situé dans la cale. Puis, au premier étage, un premier bouton se chargera l’allumer le feu, tandis qu’on devra sauter sur un souffleur pour attiser les flammes. Une fois la pression suffisante, il faudra se rendre encore plus haut pour manœuvrer les manettes qui actionnent les moteurs, avec trois vitesses vers l’avant, une vers l’arrière et un point mort. Marcher au moteur ne sera donc pas une sinécure tant cela demande de nombreuses interactions situées au quatre coins du navire, sans parler de la gestion du combustible.
Le navire devient au passage un protagoniste à part entière dont il va falloir prendre soin. La chaudière peut surchauffer (il faudra la refroidir en l’arrosant d’eau), tandis que des collisions pourront détériorer divers éléments. Il faudra alors disposer d’un fer à souder chargé afin de pouvoir réparer les dégâts, et maintenir notre embarcation fonctionnelle. Forcément, si ces tâches sont plutôt bien pensées, elles peuvent devenir redondantes, et ennuyer le joueur qui s’attend à autre chose qu’un voyage un peu contemplatif.
Far Changing Tides : vogue la galère ?
La grosse nouveauté de FAR : Changing Tides, c’est surtout de nous proposer un jeu qui autorise plus de verticalité, et de liberté, avec la possibilité d’explorer les fonds marins. Notre personnage sera rapidement équipé d’un scaphandre avec une sorte d’hélice pour se déplacer plus vite sous l’eau, et au fur et à mesure de l’aventure, notre navire gagnera aussi la capacité d’opérer en tant que sous-marin. Tout ceci va évidemment servir à se défaire des multiples embûches qui seront sur notre parcours. Car oui, hormis la navigation, le jeu va souvent nous mettre face à un petit problème à résoudre. On ira donc explorer des structures diverses et variées (de la cité engloutie au chantier naval en ruines) afin de pouvoir se dégager le passage, ce qui transforme donc le gameplay en un jeu de plateforme teinté d’éléments puzzle-game.
Ne vous attendez pas à faire face à une difficulté retorse, ici tout est très simple, et chaque énigme se comprend en quelques instants à peine, l’objectif étant de plonger le joueur dans une ambiance, et lui faire vivre un voyage, plus que de lui offrir un challenge. Ce côté poétique, c’est justement une des grandes forces du jeu qui affiche une direction artistique à tomber par terre, avec ce style en aquarelle hyper séduisant. Les décors sont d’une beauté folle, et l’image se substitue aux mots afin de nous faire vivre une véritable aventure où l’on va de découverte en découverte afin de comprendre l’univers dans lequel on se retrouve plongé. L’aspect visuel est en plus secondé par une BO hyper travaillée qui habille parfaitement l’ensemble. On passe de thèmes musicaux doux et mélodieux à des musiques bien plus minimaliste selon l’ambiance, tandis que lorsque les choses se corsent, la bande son s’intensifie.
L’aventure reste brève avec environ 7H pour arriver au bout de ce qui s’apparente à un joli voyage, et bien sûr, la replay value est proche du néant. Néanmoins, cela reste bien plus long que ne l’était Far : Lone Sail qu’on pouvait boucler en moins de 4h. De plus, grâce aux évolutions qu’on apporte à notre bateau, le gameplay se renouvelle périodiquement au fur et à mesure de l’aventure et gagne en complexité, puisqu’il faudra faire appel aux possibilités de plus en plus nombreuses offertes par notre véhicule.